Ce 28 décembre, l’église du petit village de Bram faisait sonner le glas. Il était 10h, le temps était gris, un léger vent du nord chassait le crachin d’un reste de pluie qui avait versé les larmes du ciel toute la nuit.
Sur le parvis de l’Église, un corbillard gris. De multiples drapeaux sont alignés pour un ultime hommage. Des hommes habillés de noir conduisent le cercueil de Jean-Pierre vers le chœur de l’église. Derrière le prêtre, s’installent les drapeaux. Je reconnais Grégory notre secrétaire général avec le drapeau de la région sud-est, Maxime notre porte drapeau national, des porte-drapeaux des associations patriotiques locales et Jules venu d’Alsace, avec le drapeau des médaillés militaires…
L’église est pleine à craquer. Pour entourer la famille, Chantal l’épouse de Jean-Pierre, Sandra et Audrey ses filles, Michel son frère jumeau dont la découverte me fait un choc, les petits- enfants, neveux, de nombreux amis sont présents dans cette église superbe mais glaciale. Les arpètes sont venus en nombre. De toute le France, sans les citer tous tant la liste est longue, je remarque la présence de Jules Loyzance (le porte drapeau) et Philippe Sohler venus d’Alsace, d’une délégation d’Orange avec mon ami Claude Kaas, de Christian Gibelot mon ami de Montauban, de Junior (Jean-Claude Cochey-Cahuzac) et ceux venus de Saintes, Daniel Moindron et Michel Ribot, Maurice Toumit, président de la section Aunis-Saintonge qui a succédé à Jean-Pierre, Maxime Badaud notre porte drapeau venu avec Marie notre secrétaire et Nicole notre ancienne secrétaire. Je demande pardon à ceux que je n’ai pas nommés. La famille arpète est là et remplit à elle seule la moitié de l’église.
Après l’office religieux, la parole est donnée aux amis. Maurice nous fait partager un grand moment d’émotion avec un texte très poignant. Je conclus difficilement la cérémonie tant l’émotion est forte en prononçant l’éloge funèbre au nom de l’AETA.
A la sortie de l’église, les honneurs sont rendus à Jean-Pierre.
Deux heures plus tard, nous nous réunissons en comité plus restreint au crématorium de Trèbes pour un ultime adieu. C’est Patrick Monneray, administrateur de l’AETA, qui nous livre un témoignage poignant sur sa relation avec Jean-Pierre dans une très belle lettre.
En fin de cérémonie, les adieux sont difficiles et tous manifestent leur compassion à la famille.
Jean-Pierre a rejoint les grands anciens de l’AETA au sein de la section arpète de l’Éternité et tous, ils nous regardent avec bienveillance.
Benoît GARCIA (P85) – Président de l’AETA
Éloge funèbre de Jean-Pierre COROIR – 28 décembre 2021
Il est des mots que l’on ne voudrait jamais écrire et ceux ci en font partie. Le froid a envahi mon âme depuis ce mercredi où après un mail alarmant de Maurice vers 11h, ce dernier nous a appris le départ de Jean-Pierre vers 17h. Deux jours avant que toutes les familles se réunissent pour un réveillon de Noël, nous savions que Chantal et les siens allaient passer le plus triste Noël de leur vie.
Il m’incombe de tracer ces lignes pour exprimer la tristesse qui nous est commune. Celle d’avoir perdu, qui un ami, qui un compagnon, qui un mentor, qui un frère arpète, lors de cette nuit froide de décembre. Jean-Pierre et Chantal m’avaient invité lors de leur dernière visite à Saintes, à m’arrêter chez eux lors de l’une de mes visites chez mes parents à côté de Lézignan-Corbières. Je n’imaginais pas que cette première halte serait aussi funèbre.
Dans le train de la vie selon la parabole de Jean d’Ormesson, il nous est donné la chance de croiser des figures inoubliables. Jean-Pierre fait partie de ces compagnons de voyage qui marquent une existence. Je rencontrais Jean-Pierre lors d’une assemblée générale à Saintes. Je le connaissais déjà de réputation et son visage éclairait souvent notre revue trimestrielle. Tout de suite l’amitié est née entre nous. Nous étions pays, « gabache » tous les deux. Sa voix me parlait plus qu’à tout autre. C’était du soleil qui nous illuminait dès qu’il ouvrait la bouche.
Fidèle en amitié, loyal, attachant, engagé, meneur d’hommes … voilà les adjectifs qui le caractérisent. Ceux qui l’ont côtoyé en garde un excellent souvenir. Comme militaire, comme instructeur, comme citoyen engagé dans plusieurs associations : la nôtre bien sûr et comment ! Adhérent de toujours, secrétaire général puis secrétaire général d’honneur, président de la section Aunis-Saintonge jusqu’à son départ pour l’Aude. Mais aussi président de la section des Médaillés militaire et plus anecdotique pour les seuls initiés : trésorier adjoint de l’amicale du hangar HM1de la base aérienne 709 de Cognac.
Tous ceux qui le connaissent, soulignent la facilité de parler de lui tant il était limpide tant il était sympathique. Des colères certes mais d’autant plus rares que violentes et rapidement oubliées. Il avait chevillé au corps l’amour du travail bien fait. C’était un organisateur hors-pair ! Sans le dire mais en faisant, il démontrait chaque jour le souci des autres. Il s’engageait pour faire société. Par amour de l’autre.
Le vide qu’il laisse derrière lui est immense et je mesure très difficilement la peine de ses filles et la peine de Chantal son épouse pour qui je rappellerai simplement le poème d’Aragon :
« Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin là, sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent, la lumière.
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant ».
Au sein de notre association, il laisse un vide tout aussi incommensurable. Il a rejoint la section arpète de l’Eternité. Celle où siègent nos anciens et entre autres, Alain, Lionel, Michel et dernièrement Moïse.
Section éternelle qui traverse le temps et l’espace et où ses adhérents, les yeux brillants de lumière nous entourent bienveillants.
Je leur demande d’accueillir Jean-Pierre et je sollicite humblement leur bénédiction et leur présence pour que partout nos mains et nos cœurs portent l’énergie vivifiante de la fraternité agissante.
Pour les croyants, ne pleurez pas, Jean Pierre est rentré avec gloire dans la maison de son Père.
Au revoir Jean-Pierre.
Benoît GARCIA (P85) – Président de l’AETA